Déclaration de SRI sur la position préjudiciable de la Rapporteuse spéciale sur la violence faite aux femmes, Reem Alsalem, sur l’identité de genre

Published on février 15, 2023

En réponse à la position préjudiciable de la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence faite aux femmes, Reem Alsalem, qui s’oppose à la reconnaissance légale du genre par auto-identification, l’Initiative pour les Droits Sexuels (Sexual Rights Initiative, SRI) a décidé de ne plus collaborer avec cette titulaire de mandat et encourage toutes autres organisations et activistes féministes à faire de même.

La position de la Rapporteuse spéciale porte clairement atteinte aux droits des personnes trans et contredit les normes établies en matière de droits humains ainsi que son propre mandat - tout cela au nom du féminisme (1). Nous avons dit à la Rapporteuse spéciale que nous rejetons fondamentalement ses arguments visant à opposer les "droits des femmes" - par exemple, le droit d'accès aux refuges pour les survivant·e·s de violence - aux "droits des trans", et à les traiter comme des droits distincts ou concurrents. Pour SRI, la violence basée sur le genre va au-delà de la violence interpersonnelle et comprend également toute la gamme des structures et des normes économiques, sociales, psychologiques et politiques qui maintiennent les catégories et les rôles binaires de genre. Selon nous, les obstacles à la reconnaissance légale du genre constituent une violence institutionnelle fondée sur le genre. En soutenant de tels obstacles, la Rapporteuse spéciale va à l'encontre de son propre mandat.

Dans ce contexte, nous pensons que collaborer avec cette titulaire de mandat envoie le signal que son récit est acceptable et sape donc la solidarité avec les personnes et les mouvements trans. La collaboration des féministes et de la société civile avec cette titulaire de mandat risque d'être instrumentalisée et cooptée. Nous refusons toute suggestion qu’il existe un soutien féministe aux positions anti-trans et aux tentatives de fragmentation et de division des droits de humains et des mouvements sociaux selon des lignes étroites basées sur l'identité ou la thématique de travail. La SRI s'efforce de faire progresser le droit à l'autonomie corporelle pour toutes les personnes, y compris et surtout pour les personnes marginalisées, et résiste aux tentatives de séparer ou d'isoler certains groupes ou certaines questions de cette lutte plus large pour l'autonomie corporelle.

Une analyse plus longue des problèmes liés à la position de la Rapporteuse spéciale, ainsi que la position de SRI sur la violence basée sur le genre suivront sous peu.

 

(1)Voir par exemple l'affirmation de la Rapporteuse spéciale devant le Parlement écossais selon laquelle "nombre des questions que j'ai mentionnées [dans ma lettre] font écho aux points soulevés par les organisations féministes et les victimes". https://www.scottishparliament.tv/meeting/equalities-human-rights-and-civil-justice-committee-december-19-2022